NOTRE POISON QUOTIDIEN DANS NOTRE ALIMENTATION?...

Publié le par Myriam

 

 

Dommage que la chaîne de télévision ARTE n'ait pas autant de spectateurs que les grandes chaînes publiques officielles ! Son but affiché n'est pas seulement de distraire, mais d'informer son public sur les véritables problèmes et enjeux de notre temps.. Les responsables franco-allemands de cette chaîne exceptionnelle ont l'ambition de présenter une véritable culture européenne diversifiée et responsable. C'est dans cette optique que la chaîne Arte propose dans ses programmes, entre autres, de la musique classique (concerts, opéras) jouée par des orchestres prestigieux, que peu de mélomanes auraient l'opportunité de voir et d'entendre directement. Mais la chaîne présente aussi des documentaires traitant de sujets "sensibles"...Des émissions que l'on ne risque guère de voir sur les chaînes publiques officielles ! Cette exception serait-elle due au courage et à l'intransigeance du partenaire allemand dans cette institution culturelle particulière et originale?  Une chose est certaine: ces documentaires suivis souvent de discussions, présentent une réalité des problèmes qui nous concernent  tous.

         Il y a quelque temps, Arte a diffusé un documentaire intitulé "Notre poison quotidien" qui analyse les dangers que représentent les aliments produits par une agriculture plus soucieuse de rendement, de gros bénéfices, que de santé. Les partisans de l'agriculture intensive, suivant le modèle américain, ont encouragé les agriculteurs français à soumettre leurs cultures à des traitements chimiques qui s'avèrent, dans la durée,  révéler une toxicité non seulement pour le consommateur, mais aussi pour l'agriculteur. Dans l'enquête choc, la journaliste Marie-Monique Robin se penche sur les problèmes que présentent les pratiques actuelles dans le domaine de l'agriculture intensive et leurs très graves conséquences,  à long terme, sur les terres agricoles, les animaux et les hommes. Des hectares de champs fertiles qui deviennent, épuisés par des années de traitements chimiques,  stériles...des bovins, porcs  ou volailles traitées aux antibiotiques, ...des agriculteurs dont un grand nombre sont victimes, suite à la manipulation des produits dangereux utilisés dans cette agriculture, de diverses maladies graves, dont le cancer. Comment pourrait-on prétendre que les produits issus de telles pratiques, n'auraient aucune incidence sur la santé du consommateur!

       Marie-Monique Robin est une femme extrêmement courageuse, qui ose dénoncer ces scandales et les  conséquences de ces pratiques sur notre vie, notre santé. Cette journaliste indépendante parle en connaissance de cause, car elle connaît très bien la question,  ses parents étant eux-mêmes agriculteurs. Elle a pu suivre l'évolution dans cette branche dont la France était toujours fière et qui faisait  la richesse de notre pays. Après la guerre, l'exemple de l'agriculture américaine s'est rapidement imposé partout: produire industriellement sur de grandes surfaces, traiter les sols pour qu'ils produisent vite et beaucoup, utiliser des machines de plus en plus grandes, de plus en plus performantes. C'est ainsi que la "France agricole d'autrefois" s'est transformée, pour une large part en une France de grandes productions agricoles où chaque producteur doit devenir non seulement un technicien, mais aussi être un gestionnaire vigilant, pour ne point aboutir à la faillite. Nous connaissons tous le résultat désastreux de cette forme de gestion: agriculteurs de plus en plus endettés, car l'achat d'un matériel extrêmement onéreux s'avère souvent ingérable... Les dépressions, suicides et maladies diverses sont autant de révélateurs tragiques d'une société d'agriculteurs en péril. Il devient évident que nous sommes en présence d'un phénomène indéniable: les aliments destinés à notre consommation ont souvent subi des traitements nuisibles à long terme à notre santé, les agriculteurs qui ont manipulé les produits dits "phytosanitaires", sont les premières victimes de ces pratiques. Mais l'effet poison ne s'arrête pas là: la chaîne alimentaire industrielle va ajouter à son tour, son lot de produits chimiques...

          Marie-Monique Robin, a enquêté plusieurs années dans les milieux de l'agrobusiness. Elle a visité la plupart des intervenants dans ce commerce, dans divers pays et consulté les agriculteurs, chercheurs scientifiques, industriels, responsables politiques. Le film et le livre sont très révélateurs à ce sujet. On y apprend le rôle que jouent les pesticides, les engrais, les additifs chimiques divers, colorants alimentaires, conservateurs. Un monde nouveau et secret s'ouvre tout à coup, on comprend mieux et on est perplexe:  ainsi, on ne se soucie plus tellement de santé, mais essentiellement de production, de conservation, de présentation du produit, de rentabilité...La question de savoir si les produits traités au départ, dans les champs, les étables puis plus tard dans les plats cuisinés, sont toxiques à long terme, n'est pas une priorité.  On nous dit que le risque zéro n'existe pas et qu'à ce jour  il n'existe aucune étude sérieuse prouvant une  dangerosité à ce sujet... Autrement dit: tant qu'un nombre important de consommateurs ne tombent pas immédiatement gravement malades après avoir mangé un aliment traité, rien n'est prouvé...

Il existe naturellement des rapports "d'experts" pour certains produits, mais étant donné que dans la plupart des cas, ce sont les fabricants eux-mêmes qui engagent et payent les scientifiques chargés de l'expertise, le doute reste permis!

          Marie-Monique Robin est une journaliste sérieuse, dans une profession où très peu osent enquêter sur des sujets aussi brûlants. Elle a dû affronter bien des hostilités directes ou cachés, car les enjeux sont énormes. Les conclusions auxquelles elle aboutit sont vraiment accablantes. On ne peut qu'inciter tous les consommateurs, à lire l'ouvrage "Notre poison quotidien", pour se faire une idée sur ces questions... Depuis quelques années déjà, on sait que beaucoup d'agriculteurs sont gravement malades après avoir manipulé des pesticides et engrais chimiques. Des toxicologues en ont retrouvé des traces jusque dans le sang des agriculteurs... Comment croire alors que les consommateurs seraient à l'abri de ces dangers? Le porte-parole de l'Union des industries de la protection des plantes, continue cependant d'affirmer que les doses utilisées sont infimes, alors que la France est le premier consommateur de produits baptisés "phytosanitaires",  un déguisement verbal rassurant, pour masquer une réalité qui ne l'est nullement! Que penser d'un pays qui a demandé le plus de dérogations "exceptionnelles" (quelque 300!) pour importer des pesticides dangereux interdits en Europe !..

       Aujourd'hui, de toutes parts des voix s'élèvent, des articles et livres paraissent pour essayer d'alarmer l'opinion: des scientifiques, des agriculteurs, des vétérinaires, des médecins, des consommateurs...Nul ne peut plus ignorer les aberrations dans ce domaine. Des agriculteurs malades, des consommateurs malades, tous victimes de responsables divers dont le but premier est de gagner de l'argent rapidement. Combien de temps encore ? Il ne faut pas s'étonner que l'agriculture bio a le vent en poupe: comment faire le choix des "bons agriculteurs" sinon au travers de labels sérieux imposant aux produits des normes, méthodes de production contrôlées, sérieuses et soucieuses de la santé de  l'homme. Il faut avoir connaissance du contenu du dernier livre  de Marie-Monique Robin pour savoir à quel point notre assiette est empoisonnée quotidiennement, par l'industrie agro-alimentaire.  Notre attention doit être vigilante pour connaître l'origine et le traitements des produits que nous mangeons. Nous accorderons notre confiance aux agriculteurs bio de notre région pour l'achat de nos légumes, nos fruits. C'est ainsi que nous pourrons aussi contribuer à assurer une pérennité à une agriculture véritablement saine, soucieuse de la santé des consommateurs. A quoi sert-il de prôner l'utilité de manger chaque jour des légumes et des fruits, si ces derniers contiennent des pesticides? Si demain des millions de consommateurs se refusent à acheter des aliments traités chimiquement, l'industrie alimentaire sera forcée d'emprunter des voies nouvelles qui respectent la santé et la dignité humaine.

       Si l'industrie alimentaire a connu un tel essor, il faut aussi mentionner une cause annexe qui est elle, d'ordre sociologique. Aujourd'hui notre société a beaucoup changé. Alors qu'autrefois dans la plupart des cas, la femmes restait à la maison pour "faire la cuisine" et élever les enfants, aujourd'hui la plupart des femmes, pour diverses raisons, veulent ou sont obligées de travailler hors de leur foyer. Les hommes comme les femmes sont stressés et n'ont guère le temps de cuisiner. Beaucoup ont alors recours à des repas  préparés industriellement qu'il suffit de réchauffer au four "micro-ondes". Cela a ouvert des perspectives nouvelles et inespérées à toutes les formes d'alimentation industrielle de masse. Produire des repas "visuellement appétissants" (grâce aux colorants), répondant à un goût "standard"  pour le plus grand nombre de consommateurs et restant consommables assez longtemps. Un vaste champ d'expérience pour les chimistes: joindre l'utile, le pratique, à l'agréable. Ces produits sont-ils tous bons pour notre santé ? Il serait peut-être utile de  faire analyser ces produits par des experts vraiment indépendants...

           Car il est évident que le scientifique pur et dur n'existe que dans un monde idéal: il ne saurait être libre sans avoir une rigueur morale personnelle totale et les moyens financiers pour s'assurer une véritable indépendance. Or qui pourrait affirmer aujourd'hui être un scientifique libre?  Il devient donc évident que les consommateurs que nous sommes tous,  devons  rester vigilants et nous informer continuellement. Nous pouvons aussi demander à nos gouvernants  d'être plus exigeants en la matière. L'alimentation saine contribue pour une large part, à assurer notre santé. Eviter les nombreuses maladies imputables à une alimentation malsaine, entraînerait une économie plus qu'appréciable pour notre système sanitaire, notre sécurité sociale!

         Il en va de même pour les scandales attachés aux fabricants de pesticides. Est-il normal que sous le sceau du secret de fabrication, certains industriels puissent occulter la composition de leurs produits et échapper ainsi à tout contrôle ou sanction?  

       Que dire après tout cela, sinon que, du moment où nous nous désintéressons de tout ce qui touche à  notre santé, notre devenir, nous donnons un blanc seing à des intervenants souvent peu soucieux de notre vie et de notre santé. L'agriculture, le commerce et l'industrie sont des piliers de notre société. Ils ont pour but essentiel d'assurer  bien-être et  prospérité. Cela suppose une éthique vraiment soucieuse de l'être humain. Si cela n'est plus le cas, il nous faut réagir rapidement. Nous sommes dans une démocratie: soyons exigeants envers nos hommes et femmes politiques, pour qu'ils soient vraiment au service des citoyens et non des puissances financières. Mais nous avons aussi un devoir en tant que citoyen: comment exiger une vigilance des responsables politiques, si nous personnellement, nous ne sommes pas prêts à assumer nos propres responsabilités? La société dans laquelle nous vivons, nous en formons le fondement: elle ne pourra changer que si nous, à notre niveau, prenons conscience de notre part de responsabilité dans le tout. C'est à chacun de nous de réagir aux disfonctionnements de notre société et de contribuer, chacun à sa mesure, à rendre notre pays plus soucieux de l'être humain.      DSCN3774.JPG

Publié dans Echange d'idées

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