FUKUSHIMA CONCERNE TOUTE L'HUMANITE !

Publié le par Myriam

                       

 

 

Le monde entier suit actuellement, heure par heure, les évènements du Japon. Les terribles ravages causés par les tremblements de terres successifs, le tsunami dévastateur et meurtrier, la centrale nucléaire gravement endommagée avec son lot croissant de menaces aux conséquences funestes incalculables, mettent l'humanité entière devant une évidence cruelle: l' homme est à la merci de forces naturelles qu'il ne peut dominer. La prise de conscience est brutale, à telle enseigne que beaucoup d'humains refusent de l'admettre véritablement et cherchent, par toutes sortes d'argumentations , à masquer une réalité indéniable. Comment pourrait-on nier que l'être humain, face aux cataclysmes, est vraiment démuni? Comment ne pas être bouleversé par le spectacle du tsunami dévastateur qui, tel un torrent infernal, balaye soudainement, tout ce qui se trouve sur son trajet, entraînant dans son sillage meurtrier les habitations, la végétation, les animaux et les humains?

Oui, il faut se rendre à l'évidence que toutes nos connaissances actuelles dont nous sommes, à juste titre très fiers, toutes nos sciences et techniques que nous pensons maîtriser, ne nous protègent nullement des catastrophes dites "naturelles". Nous sommes, cependant parfaitement capables de polluer, de souiller la nature dans laquelle nous vivons, ajoutant encore de la nocivité au " naturel" où tout est intimement lié. D'autre part, nous croyons souvent maîtriser des techniques redoutables dont nous ne mesurons, à l'usage, pas toutes les conséquences. Le domaine nucléaire en est un illustration très instructive. Voilà une énergie qui a déjà fait la preuve de son efficacité dans ses applications pratiques. Elle présente des avantages que les autres formes d'énergie n'ont point...mais comment pourrait-on oublier que les "déchets radioactifs" représentent une épée de Damoclès qui, à défaut de planer au-dessus de nos têtes, sont une menace à long terme dormant sous nos pieds...Pouvons-nous, d'un coeur tranquille et sans conflit de conscience, léguer cette menace aux générations futures ? Nos égoïsmes attachés à ce qui touche nos conforts immédiats et nos habitudes quotidiennes nous poussent à vouloir occulter tout qui serait susceptible de déranger une vision très commode de l'immédiat:  nous optons alors pour les solutions "faciles" consistant par exemple à enfouir les déchets dans le sol ou, pourquoi pas, les envoyer dans l'espace..! Si nous sommes prêts à nous souvenir de tout ce que le "génie inventif humain" a déjà envoyé dans notre espace et qui entoure notre terre d'un nombre incalculable de "débris, de déchets", on peut ressentir rapidement un malaise. Nous vivons pourtant dans une nature qui sait être belle et généreuse, elle nous permet de bien vivre, d'y connaître des moments de joie et de bonheur. La respectons-nous vraiment?

Les catastrophes naturelles représentent la pire des épreuves que peuvent connaître les humains, car elles génèrent d'innombrables souffrances, des épreuves diverses, la mort pour jeunes et vieux... On reste alors sans voix, car toute parole devient sacrilège, tout mot écrit indélicat. La question qui reste sans réponse est: pourquoi? On voudrait comprendre: si Dieu existe, pourquoi permet-il tant de souffrances? L'être humain n'est-il qu'un jouet à la merci des forces d'une nature insensible à toute douleur humaine, à toute  compassion? Toutes ces questions posées à chacun de nous, nous forcent, dans un premier temps, à marquer un arrêt, pour faire le constat de nos limites : nos savoirs sont fragmentaires, nos forces et capacités sont infimes par rapport à la réalité de notre environnement.

Dans un second temps, à partir d'une prise de conscience de notre statut d'humain, nous pouvons, à travers la réflexion, peut-être essayer de mieux saisir ce qui est vraiment important pour nous et ce qui ne l'est pas. Nous savons, à travers les propos tenus par ceux qui ont passé par une mort clinique et en sont revenus, ayant donc vécu l'expérience  d'une "autre" existence, que leur vision de la vie personnelle a pris un tout autre cours...Une véritable prise de conscience d'un drame tel qu'il se déroule actuellement, peut nous inciter à notre tour, à faire le point dans notre vie personnelle. Pris dans le tourbillon du quotidien, des astreintes professionnelles, des habitudes commodes dans lesquelles nous nous assoupissons, nous vivons souvent dans un univers personnel très artificiel qui étouffe peu à peu notre humanité et nos aspirations intimes, profondes. Les catastrophes vécues et celles éprouvées à travers la compassion pour d'autres victimes, peuvent nous inciter à nous remettre en question et à fixer nos propres repères pour notre avenir. Ne serait-ce pas là, le meilleur hommage à rendre aux victimes des catastrophes qui appartiennent tous à la même "famille humaine"?

        Les catastrophes conjuguées du tsunami puis de la centrale nucléaire de Fukushima alimentent quotidiennement les médias. Les journaux, la radio, les chaînes télé proposent tout un lot de reportages spéciaux et de débats à ce sujet. Cela est aussi très révélateur. Etant donné que la question des centrales nucléaires est un sujet récurrent de notre temps, avec ses groupes de défenseurs et d'adversaires, il suffit d'observer ce qui se passe, lors des discussions, pour se forger sa propre opinion. Déjà à Fukushima, la population sur place, les correspondants, les spécialistes dans tous les pays, ont pu constater que les informations données étaient tronquées, tendancieuses, inexactes et parfois inexistantes. Pourquoi? Parce que les techniciens et spécialistes sur place étaient dépassés par les évènements, parce que les dégâts s'avéraient très graves et qu'il fallait éviter l'affolement de la population, parce qu'il est dangereux  d'avouer que le nucléaire est une machine redoutable et non définitivement maîtrisée. Le Japon,  de par sa situation géologique, déjà très vulnérable et ne disposant pas de ressources d'énergies suffisantes, est condamné, pour assumer la survie de son économie, à recourir à l'énergie nucléaire. Une situation très périlleuse que l'on croyait, à ce jour, dominer.

         La France, elle aussi, a misé sur le nucléaire, pour avoir une énergie "propre", efficace et "rentable". Depuis bien longtemps, les "verts" et écologistes de tous bords ont dénoncé une politique plus intéressée par le rendement économique que par le souci sanitaire. Notre pays a généré une société de castes moderne: la caste de "ceux qui savent" , en l'occurrence celle des scientifiques officiels, avec ses spécialistes attitrés, caste prioritaire pour tout ce qui concerne le savoir scientifique et les techniques, et celle des utilisateurs, bénéficiaires non habilités à intervenir directement dans le débat. Nous sommes aujourd'hui tous habitués à voir, lors des débats, la place prédominante, privilégiée, réservée à ceux reconnus comme les seuls spécialistes en la matière, tout autre intervenant étant immédiatement jugé comme incompétent voire inhabilité en la matière. Les spécialistes mettent en avant leur vision des choses avec une assurance quasi dogmatique.  La science nucléaire profite en France d'un statut bien particulier, proche du "secret défense" véritable ou suggéré. Nullement soucieux depuis très longtemps, d'économie d'énergie véritable, les "experts" ou politiques nous expliquent qu'il serait impensable, irresponsable sinon impossible de diminuer la part du nucléaire dans notre économie. Puis ils nous assurent que notre technique nucléaire est probablement la meilleure et la plus sûre qui existe à ce jour...tout en ajoutant immédiatement que le "risque zéro" n'existe pas! Si la question n'était pas aussi grave et dramatique, on pourrait se demander pourquoi le Japon n'a  pas acheté des centrales nucléaires françaises, ce qui lui aurait épargné toutes les souffrances actuelles...Espérons que la centrale de Fessenheim, en Alsace, qui est aussi située sur une zone de fracture, ne connaisse pas le malheur d'un séisme (comme au 14ème siècle)...On voudrait demander à ces scientifiques si sûrs de leurs convictions, s' ils seraient disposés à vivre, avec leur famille, à l'ombre de la centrale de Fessenheim... Il est tellement plus facile de distiller ses certitudes, basées sur un savoir que l'on croie sûr, tant que l'on vit loin du lieu où se déroule le drame.  Peut-être faudrait-il, pour une fois, regarder la réalité en face et avouer que nulle centrale nucléaire dans le monde n'a été construite sans le concours des meilleurs scientifiques et spécialistes en la matière. Et pourtant...Alors il faut se rendre à l'évidence que toute connaissance scientifique a toujours ses limites, qu'elle évolue et même parfois, peut invalider ce que l'on croyait acquis. La vie est une source constante de connaissances nouvelles, elle évolue et la réalité des évènements nous oblige à corriger ce que nous avons mal compris, mal évalué. La connaissance acquise doit donc en définitive, toujours nous inciter à rester réservés et modestes dans nos jugements. Nous ne sommes jamais maître des forces qui accompagnent notre existence, nous en sommes les témoins, des observateurs modestes.

            Une autre leçon que peuvent nous donner ces évènements tragiques, c'est que, dès que l'on essaye de manipuler la réalité des choses et des évènements, dès que l'on privilégie le bénéfice immédiat au détriment de l' humain, on finit par en payer le prix fort. Dès que la vision de l'humanité entière se perd, c'est chaque individu humain qui perd en force et en dignité. Il suffit d'observer attentivement les évènements de la vie pour s'en convaincre. Bien des spécialistes du nucléaire, soucieux d'assurer une pérennité au nucléaire, ne se lassent de souligner le rôle déterminant que le tsunami a joué dans le déclenchement des graves incidents nucléaires. Comment peut-on cependant croire qu'au Japon, habitué aux séismes et aux raz-de-marée, les scientifiques n'aient pas songé à tenir compte de ces paramètres, de ces sortes de risques lors de la construction de leurs centrales... ? Ne sont-ils pas  aujourd'hui, dans tous les domaines de la science, à la pointe de toutes les disciplines?

           Ces lignes n'ont nullement la prétention d'arbitrer les débats afin d'imposer une règle quelconque. Mais il y va de notre avenir, de notre devenir. Il s'agit d'essayer de discerner l'essentiel de l'accessoire et cela n'est souvent possible que dans les situations tragiques. L'humanité entière est aujourd'hui, face au malheur du Japon, appelée à s'engager d'une manière efficace à soutenir par tous les moyens, ce peuple en détresse et à en tirer des leçons pour l'avenir de toute l'humanité. Comment ne pas être ému et respectueux pour cette population si éprouvée, qui garde son souci de solidarité? On ne peut que rester admiratif devant ce peuple qui a subi tant d' épreuves, mais qui garde sa dignité face au malheur.

 

 

 

 

Publié dans Echange d'idées

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